Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/99

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déjà moitié fait entendre : mais il faut vous le dire tout clairement et tout ouvertement !

Ils ne se fondent précisément, que sur quelques paroles équivoques d’un misérable fanatique, leur Christ, qui leur a dit que lui et son père n’étoient qu’un et qu’il leur envoïeroit un Esprit de vérité, qui procéderoit de son Père et de lui, et de là ils concluent leur prétendu Très-Haut, Très-Saint et Très-Adorable mystère de la Trinité, qu’ils disent être un seul Dieu en trois Personnes, qu’ils nomment le Père, le Fils et le St. Esprit, comme si des paroles équivoques, comme celles-là de leur Christ, ne pouvoient avoir qu’un seul sens. Tenant du pain, qu’il donnoit à manger ses Apôtres, il leur dit[1] ; prenez et mangez, car ceci est mon corps, pareillement présentant du vin à boire dans un calice, il leur dit : buvez en tous, car ceci est mon sang, le sang de la nouvelle alliance, qui sera répandu pour le salut de plusieurs ; et sur ces paroles nos Christicoles Docteurs veulent et soutiennent absolument que leur Christ ait changé dans ce moment le pain et le vin, qu’il tenoit, en son corps et en son sang, et qu’il donna véritablement et réellement son corps et son sang, son âme et sa Divinité à ses Apôtres, sous les espèces et apparences du pain et du vin, qu’il leur donnoit à boire et à manger, comme si ces paroles de leur Christ ne pouvoient avoir d’autre sens, que celui qu’ils leur donnent. Et d’autant qu’il dit dans ce même tems à ses Apôtres, de faire même chose, en mémoire du

  1. Matth. 26. 28.