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LES ROUTES POUDREUSES FCIENT SOUS LE SOLEIL IMPLACABLE QUI DÉVORE LA CAMPAGNE.

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AUTOUR ET AU TRAVERS DU PÉLOPONÈSE

PAR M. B. DE JANDIN

LE — Pourquoi j’ai voyagé dans le Péloponèse. — En roule pour Corinthe. — Les cafés grecs. — À bord de l’Haghios-Nicolaos. — Un exploit renouvelé de Diogène. — À travers le golfe Saronique. — Passage du canal de Corinthe. — Un débarquement tapageur. — £a prison de la ville. — L’énigration et ses cilets, — Le mulet envisagé comme instrument de supplice. — Montée à l’Acrocorinthe ct visite de la nécropole, — Les rigueurs du jeune, — La soirée du Vendredi saint.






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MA MONTURE ET MON AGOYATE... (page b}.

ORSQU’ON débarque pour la première fois dans un pays inconnu et L complètement différent de ceux où l’on à vécu jusqu’alors, il n’est pas rare que ce soit l’impression du début qui reste la plus vive et aussi une des plus justes parce qu’elle est essentiellement naturelle et spontanée. Aussi celle que j’éprouve en arrivant à Athènes, où je viens remplir les fonctions d’attaché à notre légation, est profondément gravée dans ma mémoire : je suis sans doute extrêmement ému par la majesté infinie des ruines et la grandeur des souvenirs qui m’environnent de toutes parts, mais en même temps la navrante aridité de l’Attique, le cirque de ses montagnes pelées sur les flancs desquelles aucune végétation ne semble visible, l’aspect de cette plaine faite de poussière et de rocailles où de rares oliviers rabougris marquent çà et là une légère tache d’ombre, les lits desséchés du Céphise et de l’Hissus pleins de cailloux brülants, cette désolation de toute une nature qui cadre d’ailleurs si merveilleusement avec les chancelants édifices des civilisations mortes, me frappent bien davantage encore. J’admire par contre la surprenante limpidité d’une atmosphère qui permet à l’œil de distinguer très au loin les moindres mouvements du terrain, les différents plans des montagnes, les plus petites sinuosités du rivage ct je demeure surtout enthousiasmé par cette belle lumière de l’Orient,

par ce flamboicment du soleil et ces merveilleuses colorations passant du rose tendre au jaune, du jaune au rouge, puis à l’or, au violet et au bleu sombre, qui vivifient les niarbres antiques des temples et patinent, pour les mettre à l’unisson de la chaude tonalité générale, les constructions éblouissantes de l’Athènes moderne.

La plupart des Hellènes à qui je communique mes sentiments, mé disent cependant qu’il y a dans leur pays des régions où la nature s’est montrée moins parcimonieuse de ses dons qu’aux environs de la capitale. & Allcz donc dans 1e Péloponèse, me disent-ils, vous y trouverez des platanes et des chênes par milliérs, vous traverscrcz des cantons où vous aurez de la peinc à vous frayer un passage au milieu des broussailles

TOME XV, NOUVELLE SÉRIE, — À" LEv. N° À, = 2 Janvier 1909.