Page:Le proces Zola devant la cour d assises de la Seine et la cour de cassation, Paris Bureaux du Siècle etc , 1898, Tome 1.djvu/93

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Par ces motifs :

Dit que le Président a refusé avec raison de poser à la dame Dreyfus les questions sollicitées par la défense, et dit qu’il sera passé outre aux débats.

DÉPOSITION DE M. LEBLOIS
Avocat à la Cour d’appel, adjoint au Maire du VIIe arrondissement.

M. le Président. — Maître Labori, quelle est la question que vous désirez faire poser au témoin ?

Me Fernand Labori. — Voulez-vous avoir la bonté de demander à M. Leblois à quelle époque et dans quelles conditions il a été saisi, je n’ose pas dire de l’affaire Esterhazy, puisqu’il n’a pas été saisi de l’ensemble de l’affaire, mais des faits qui sont à sa connaissance et qui touchent à l’affaire Esterhazy ?

M. le Président. à M. Leblois. — Vous entendez la question, veuillez y répondre.

M. Leblois. — Je suis depuis de longues années l’ami du colonel Picquart ; nous avons fait ensemble toutes nos études et nous sommes restés tous deux fidèles à cette amitié. En 1890, le colonel Picquart a été nommé professeur à l’Ecole de Guerre, et à partir de ce moment je le vis assez fréquemment. Puis il entra au ministère de la Guerre, où il avait déjà été attaché pendant plusieurs années, et enfin, vers le milieu de 1895, si je ne me trompe, il fut nommé chef du bureau des renseignements.

M. le Président. — Ensuite, monsieur.

M. Leblois. — Il eût été sans doute naturel qu’il me consultât de temps à autre sur les difficultés juridiques qu’il pouvait rencontrer, puisque j’étais son intime ami et que j’avais appartenu à la magistrature pendant dix ans. Néanmoins, il ne m’a jamais communiqué que deux dossiers : une procédure criminelle instruite à Nancy et une collection de textes, décrets et arrêtés ministériels, relatifs aux pigeons voyageurs.

Lorsque, le 16 novembre 1896, le colonel Picquart dut brusquement quitter le ministère de la guerre, il ne m’avait jamais dit un mot ni de l’affaire Dreyfus ni de l’affaire Esterhazy, et j’ignorais absolument qu’il se fût occupé de l’une ou de l’autre de ces affaires. Aucun de ceux qui connaissent le colonel Picquart ne s’étonnera de cette réserve.

En juin 1897, je reçus la visite du colonel Picquart, qui venait passer à Paris un congé de quinze jours.

Le 3 juin, il avait reçu à Sousse une lettre de menaces d’un de ses anciens subordonnés, et il se trouvait ainsi dans la nécessité de consulter un avocat. Pour sa défense, il me fit