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lendemain, à l’hôtel, je recommençai l’expérience. Elle réussit. Dès qu’ils m’apercevaient, tous les passants, jeunes ou vieux, stationnaient. Je suppliai mon père de me laisser à Paris pour mon traitement. Il m’installa rue Lafayette. Je gagnai la sympathie de la concierge. Et je vécus seule.

Une compassion infinie m’envahissait. Je lui saisis la main.

— Pauvre enfant…

Elle se dégagea en souriant :

— Ne me plaignez pas. Depuis ce temps, moi, je me considère comme heureuse. Ma part d’amour, je l’ai eu pleinement, plus grande même que bien d’autres. De l’homme, j’ai connu ce qui flatte le plus notre vanité, son désir. Des milliers, de ces désirs, sont montés vers moi. C’était comme un encens continuel. Ma disgrâce ne m’a valu nulle peine. Ma