Page:Leblanc - Contes Heroïques, parus dans Le Journal, 1915-1916.djvu/94

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bien… elles peuvent attendre… Rien n’est pressé… loin de là…

— Elles attendront, dit Jeanne, qui se leva également et entoura Mathilde de ses bras, elles attendront… Tu as raison, et, puisque tu as besoin de moi en ce moment, puisque tu traverses une crise plus pénible, je reste… Une autre fois, tu me soutiendras à ton tour quand je perdrai courage. Je reste, Mathilde… Aimons-nous bien… et qu’il n’y ait plus d’arrière-pensée entre nous deux… Chacune de nous se doit tout entière à l’autre. Aimons-nous bien…

Elles s’embrassèrent tendrement.

— Pardonne-moi, dit Mathilde. La vie est horrible… Il y a des heures où je n’en peux plus… où je n’en peux plus…

— Et maintenant, Mathilde, te sens-tu mieux ?

— Oui, tu peux me laisser… Et pardon encore, ma petite Jeanne… Je suis plus forte.

Elle s’en alla.

Jeanne écouta le bruit de ses pas dans le couloir, puis revint s’asseoir devant la table. Elle y demeura longtemps, songeuse et grave. À la fin, elle prit une feuille de papier, une plume, et écrivit :