Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/212

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heur selon ses facultés et ses désirs…… Il faut marcher au bonheur par le libre essor des passions virtuelles[1]. Il faut oublier les cultes menteurs et l’aveuglement fanatique… » C’est l’expression d’un optimisme fouriériste sans nul doute très profond, s’il n’est nullement béat, mais avant tout combatif. La nécessité de se presser à l’action et à la victoire, en même temps que la générosité de son tempérament, détermine cet optimisme qui n’est nullement philosophique. « Il faut » être lyrique et optimiste : « Écris la Jacquerie, conseille-t-il à Charles Bénézit dans une autre lettre en manière de conseils d’art, sème dans ton œuvre des idées d’organisation sociale et prophétise un avenir meilleur. « Semer, prophétiser, agir : voilà la raison de l’optimisme. »

En 1848 il ne collabore plus à la Démocratie pacifique ni pour la rédaction littéraire ni pour celle politique. C’est sans doute à cette époque qu’il vient de donner sa démission, froissé du peu de cas qu’on fait de ses observations sur les manuscrits qu’il est chargé de lire. Il est peu probable qu’il ait quitté la Démocratie pacifique détaché du parti par des amis, ainsi que le relate la notice de Staaf rédigée probablement par Thalès Bernard : « Sa première pièce, une ode admirable, la Vénus de Milo, fut saluée avec enthousiasme sauf l’expression de fleur intégrale[2] qui révélait le soi-

  1. Cf. Fourier : la Théorie de l’Unité universelle (1841).
  2. Voici la strophe supprimée dans l’édition Lemerre :
    Non déesse ! — Semblable à la fleur intégrale
    En qui régnent l’éclat, l’arôme et la couleur,