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AUGUSTE DORCHAIN.

Ni le sort et son injustice,
Ni les pères et leurs serments,
N’empêchent que tout aboutisse
À la rencontre des amants.

Quelquefois, c’est votre cœur même
Qui met un obstacle à vos pas :
Tel ne croit pas aimer, — il aime !
Tel croit aimer, — il n’aime pas !
Mais comme il faut que les yeux s’ouvrent,
Un jour, après mille tourments,
Toutes les erreurs se découvrent
Pour la rencontre des amants.

Voici fleurir les giroflées,
Les anémones, les ajoncs,
C’est Avril ! Aux branches gonflées
Viennent d’éclater les bourgeons ;
Dans le jardin, dans la broussaille
S’envolent des baisers charmants ;
Tout sourit, tout chante et tressaille...
— C’est la rencontre des amants !


(Conte d’Avril)





À RACINE


(COMÉDIE FRANÇAISE, DÉCEMBRE 1887)




Maître, à qui l’on devrait un encens immortel,
Laisse nos humbles vers fumer sur ton autel !

Certes, ceux-là sont grands qui d’une main hardie,
Dans la prose d’une âpre ou folle comédie,