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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


Confesse-toi : la nuit t’exhorte au repentirs
Les ténèbres et le silence y sont propices :
Et puis, ne vois-ru pas, du haut des précipices,
Surgir la lune — clairon d’or ! — pour t’avertir ?





Reste sourd au mauvais conseil
Des tentations éloquentes,
Et fuis, dans L’exil du sommeil,
Les chères veilles fatigantes ;

N’écoute pas le son charmeur
Que prend chaque voix illusoire,
Aussi vaine que la clameur
Des victoires et de la gloire.

Et clos tes yeux pour ne pas voir
Se dégrafer la nuit cynique
Qui fait saillir sous le ciel noir
Le globe d’or d’un sein unique !





CYGNES




Par ces soirs blancs de calme autant que de clartés
Je veux rêver d’oiseaux funèbres et d’eau pure
Où leurs passages, pour toujours, sont reflétés :

Car voici que, là-bas, l’éternelle verdure
Des vieux espoirs — forêt prochaine de sapins ! —
Me promet le repos avec la paix future.