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de la jupe et l’étonnant blanc des dessous, se pourrait comparer à n’importe lequel des chefs-d’œuvre d’un musée de l’époque.

L’éditeur Deman, de Bruxelles, était alors déjà un des admirateurs et des acheteurs du maître, quand encore si peu ce bel artiste comptait dans la circulation des grandes valeurs d’art. Un goût subtil et hardi toujours l’avait rangé du côté des inventeurs qu’il paraissait périlleux de propager. Il acquit la Toilette et la Mort au bal.

Rops, chez M. Deman, du reste, emplit la maison et la documente. Il y est multiple et éclatant, à tous les âges de sa vie. Lithographies et eaux-fortes y figurent en tirages de choix et en épreuves rares, à côté des plus beaux dessins et des aquarelles les plus séduisantes. M. Deman a pu réunir non seulement son Œuvre des petites œuvres et qui est chez lui le musée secret des portefeuilles ; il a réuni aussi mille choses qui le concernent et qui feraient le fond d’un musée Rops.

Rops vit là, au fond des casiers et des tiroirs, d’une vie parlante : il parle, en effet, il se meut, il agit ; on le suit de près, de loin, avec l’air de tête et l’attitude dont il disait ses projets. Il y a son dossier et ses dossiers ; le tout forme une sorte de comptabilité de sa vie étiquetée par lui-même sous la rubrique : « Notes pour nuire à l’histoire de mon temps ». On l’y peut suivre à la piste dans sa légende et sa réalité, décevant, fugace et réticent, par-dessus son fond de riche et chaude humanité. Toute une correspondance, par liasses, s’agglomère, classée, et que l’avenir feuillettera, lettres d’art, de galanterie, d’affaires, miettes tombées de la large table d’un cœur et d’un esprit qui ne chômèrent jamais. Des quatre vents de la vie qui auraient pu les disperser, elles sont toutes revenues se mettre entre les mains fidèles qui jalousement se sont refermées comme sur un dépôt testamentaire.

Aux murs, par les pièces de l’appartement, les deux versions de la Femme au pantin dont une, à l’aquarelle, le dessin de la Pallas tiarée avec le