Page:Lemonnier - Noëls flamands, 1887.djvu/215

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le père Snip vînt trouver mon oncle Nikker, pour arranger les choses.

Et là-dessus, oubliant Piet, son chagrin, son oncle, elle se mit à chanter sa chanson, comme les oiseaux après la pluie. Et tout en chantant, elle débarrassait la table, repliait la nappe et passait les assiettes à l’eau.

Le lendemain était jour dominical. Elle mettrait son beau bonnet à perles de jais, sa robe de mérinos et son châle de laine à carreaux noirs et blancs. Oui, et elle lisserait ses cheveux de pommade, après les avoir pressés le soir en papillotes.

Voilà ce que se disait la jolie commère, pendant que l’oncle Nikker regardait attentivement, par-dessus ses lunettes, derrière les mesures de papier brandillant à la fenêtre, un bout de casquette qui paraissait et disparaissait toutes les trois minutes au bord d’une haie, à quelques pas de la maison.

— Ah ! ah ! mon gaillard ! pensait-il, le chat guette la souris. Mais la souris est bien gardée, Piet Snip ; et il faudra que le vieux singe vienne montrer par ici son museau pelé, avant que la souris tombe dans tes pattes.

« Vieux singe » s’appliquait évidemment au père du jeune Snip, bien que Claes Nikker appliquât assez généralement le nom de singe à presque toutes les personnes de sa connaissance.

Puis, achevant sa pensée :

— Piet est bon ouvrier. Oui, il fait très convenablement une paire de souliers et il gagnerait déjà une bonne journée, s’il était établi. J’ai là du travail pour lui. Pourquoi donc le petit singe s’est-il enfui tantôt ?

— Piet ! Piet !

C’était Claes Nikker, ne vous déplaise, qui appelait ainsi Pieter Snip, sur le pas de la porte ; mais la cas-