Page:Lemonnier - Noëls flamands, 1887.djvu/231

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la tête et sur le dos un gros paletot doublé de flanelle.

Ah ! qu’il faisait froid ! Il frappait par moments ses mains l’une dans l’autre et frottait du bout de son gant en tricot la roupie qui revenait sans cesse se pendre à son nez. Chemin faisant, il vit des enfants qui s’amusaient à polir avec leurs semelles la glace d’un pré gelé, et l’un d’eux, ayant pris son élan, fit une belle glissade, les jambes écartées et les bras en l’air, au milieu des cris de la bande qui se mit tout à coup à glisser derrière lui. Et chaque fois que l’un ou l’autre avait fini sa glissade, il venait en courant se mettre à la queue, derrière ses camarades, pour recommencer.

— Ah ! ah ! se dit Lukas Snip, c’était le bon temps ! Maintenant il faut s’occuper de marier nos enfants.

Et il frappa à la porte de Claes Nikker à l’heure où les lumières commencent à briller derrière les vitres des maisons.

En ce moment une tête s’avança à la fenêtre du grenier et une autre tête se leva de dessus la haie ; et les deux têtes se regardèrent en riant.

— Tiens ! c’est Lukas Snip, dit Claes Nikker, gaîment, en ouvrant la porte. Entrez, Lukas. Il y a un bon feu : vous prendrez une tasse de café. Quelle nouvelle, Lukas Snip ?

Et Claes regardait le bon Lukas de son petit œil agité comme une anguille.

— Je passais par ici, Claes. Oui, je passais, dit maître Snip, et je me suis dit : On ne passe pas devant un vieil ami sans lui dire bonjour.

— Un vieil ami, c’est vrai, Lukas. Nous sommes de vieux amis. De quelle année êtes-vous, Snip ?

— De 1805.

— Et moi de 1807. Si j’avais une fille, Lukas, elle serait à peu près de l’âge de votre garçon.