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LES ANTÉCÉDENTS

remettre d’exemplaire de ma lettre. Je vous le défends très expressément, et si vous le faisiez, je le regarderais comme le trait d’un ennemi. Je suis craint de l’administration, et tant que je n’aurai point un sort qui me mette à l’abri de mon pays, j’ai tout ici à ménager. Il suffit ; j’espère que Clé reviendra les mains vides, ou je ne vous le pardonnerai pas. Ô Dieu ! faut-il que Brutus languisse oublié loin de Rome ! Mon parti est pris cependant : si Brutus ne tue point les autres, il se tuera lui-même. Adieu, venez.

Saint-Just.

20 juillet 1792.

à Mr Daubigny, rue Montpensier, No 60, à Paris.

Ce défi à la mort est entendu. Le 2 septembre 1792, pendant qu’on massacre à Paris dans les prisons, les opérations commencent à Soissons pour les élections à la Convention nationale ; Saint-Just est secrétaire d’âge au bureau provisoire. Le 4, les bureaux définitifs étant constitués, il préside encore le premier bureau. Saint-Just et Condorcet ne passèrent qu’au second tour. Saint-Just a 349 voix sur 680 votants ; son élection a lieu aux « applaudissements unanimes ». « M. le président lui a dit deux mots sur ses vertus qui ont devancé son âge. M. Saint-Just a répondu en marquant à l’assemblée toute sa sensibilité et la plus grande modestie ; il a en outre prêté le serment de maintenir la liberté et l’égalité et