Page:Lenéru - Saint-Just, 1922.pdf/52

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
52
SAINT-JUST

saurait gouverner sans laconisme » et observera, comme un vœu, cette recette du parfait tyran. Toutes ses phrases ont une ligne régulièrement scandée par la césure du point virgule, et le mouvement oratoire n’est chez lui que le coupé court des paroles brèves. Il était d’avis que « les longues lois sont des calamités publiques », aussi les axiomes abondent. « Tu n’es qu’une boîte à apophtegmes », lui disait Collot d’Herbois dans l’impatience des querelles finales.

Il est laconique, mais nullement obscur, ainsi qu’on le croit. Son cerveau, quoiqu’on ait dit, fonctionna toujours en clair. Les nuages furent un luxe d’orage, accessoire de Sinaï, souvent aussi, vers la fin, négligence et lassitude verbale d’un talent surmené. Sa recherche de la précision, idées et vocabulaire est, au contraire, frappante. Il a le goût, presque la pose et la pédanterie de l’exactitude : « Mettez donc la justice dans tous les cœurs et la justesse dans tous les esprits. » Il est incroyable comme il revient à ses définitions, les retouche en philologue ayant le souci d’une bonne langue révolutionnaire. La royauté, par exemple, l’adversaire, — personne, derrière le mot, n’aura davantage poursuivi la chose. Il n’accepte pas un conseil des ministres :