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LES ANTÉCÉDENTS

femme enlevée. Elle indique surtout, et nous nous en serions doutés, que Thuillier ne fut pas un confident. La réponse est non moins pourvue de discrétion :

J’avais reçu hier ta lettre ; je ne fais que l’ouvrir ayant été occupé sans cesse. Où diable as-tu rêvé ce que tu mandes de la citoyenne Thorin ? Je te prie d’assurer tous ceux qui t’en parleront que je ne suis pour rien dans tout cela. Je n’ai pas le temps de t’écrire fort au long. Voici l’essentiel : tu as écrit à Gâteau que le département t’avait demandé l’original de ta Commission. J’en ai parlé à Pache. Te plaît-il d’être administrateur des achats et des subsistances des armées ? Écris-moi là-dessus. On a reconnu en toi les qualités, la probité et l’intelligence nécessaires.

Adieu, si l’histoire que tu m’as fait s’est reproduite, tu voudras bien rendre témoignage à la vérité. Je vais, je crois, aller ces jours-ci aux armées.

Saint-Just partit en effet dans l’Est, et Mme  Thorin le 8 octobre comparaissait devant le maire de Blérancourt pour l’affaire de son divorce. Aux tentatives de conciliation elle répond « qu’elle a commis une faute et qu’elle ne veut point en éluder les conséquences ». On avait fondé la demande sur l’incompatibilité de caractères, elle répond que « bien loin de s’opposer au divorce contre elle demandé, elle requérait que, si son mari ne s’y oppose pas, il fût converti en divorce par consentement mutuel, que son intention est