Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/348

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— Chère, vous n’êtes pas plus heureuse que je le suis.

Et il porta tendrement à ses lèvres la main de la jeune femme, dans le second doigt de laquelle brillait l’anneau nuptial qu’y avait passé le major Sternfield. Comme ses yeux restaient fixés sur ce symbole du lien conjugal, Antoinette rougit douloureusement ; mais il reprit avec douceur :

— Un autre le remplacera bientôt, ma bien-aimée ; celui-là apportera, espérons-le, plus de bonheur que celui-ci… Mais je dois vous quitter, car cette entrevue a causé assez d’émotions et je dois veiller soigneusement à la conservation du cher trésor que je viens de retrouver.

Antoinette se hâta de monter à sa chambre pour y donner libre cours, par des pleurs et de ferventes prières d’actions de grâce qu’elle adressa au ciel, à la joie qui remplissait son jeune cœur jusqu’à le déborder. Elle n’avait pas encore recouvré son calme qu’un léger coup fut frappé à la porte et que madame d’Aulnay, moitié sanglotante, moitié souriante, se précipitait dans ses bras.

— Ma pauvre petite cousine, s’écria-t-elle, n’est-ce pas comme un roman, un conte de fée ? Je viens de laisser mon oncle de Mirecourt qui est dans la Bibliothèque avec ce cher colonel Evelyn : les choses marchent aussi bien que le cœur puisse le désirer.

— Et mon cher papa a donné son entier consentement ?