Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/73

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les laisser seuls durant son absence, parce qu’ils pourraient se brûler. Les craintes de cette mère prévoyante semblaient parfaitement justifiées par l’état du poêle qui était en ce moment chauffé à blanc. Mais Antoinette, laissant percer un sourire sur ses lèvres encore blêmes, l’assura qu’elle allait prendre bien soin des enfants durant l’absence de leur père. Celui-ci, alors, n’hésita plus et sortit accompagné du colonel Evelyn.

Le premier soin de la jeune fille, lorsqu’elle se trouva seule avec le petit monde de la maison, fut de se jeter à genoux pour remercier la Providence qui l’avait si visiblement protégée dans le danger qu’elle venait de courir ; puis elle se mit à consoler le plus petit de la bande qui s’était mis à pleurer et à crier en voyant partir son père. La tâche n’était pas lourde, car il est toujours facile de sécher les pleurs de L’enfance. Elle l’avait à peine placé sur ses genoux, que déjà il jouait avec les bijoux suspendus au cou de la jeune fille, qui s’était dépouillée, à cause de la chaleur qui régnait dans l’appartement, de ses fourrures et de son manteau. Pendant ce temps-là, les autres enfants avaient fait cercle autour d’elle et écoutaient avec une avide attention le conte d’un géant et d’une fée qu’elle leur racontait, la prenant elle-même pour une de ces fées charmantes dont elle parlait.