Page:Lermontov - Un héros de notre temps, Stock, 1904.djvu/309

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— Voilà un original !… que lui passe-t-il par la tête !…

— Je propose un pari, dis-je alors en plaisantant.

— Lequel ?

— Je soutiens qu’il n’y a pas de prédestination, ajoutai-je en jetant sur la table vingt ducats, tout ce que j’avais dans ma poche.

— Je tiens le pari, répondit Voulitch d’une voix grave. Major, vous serez juge. Voici quinze ducats ; vous me devez les cinq autres ; faites moi l’amitié de les ajouter à ceux-ci.

— Bien ! dit le major, seulement je ne comprends pas bien en quoi consiste la chose, et comment vous établirez la discussion ?…

Voulitch entra dans la chambre à coucher du major ; nous le suivîmes. Il s’approcha du mur sur lequel étaient appendues des armes, et décrocha de son clou un des pistolets d’ordonnance. Nous ne le comprenions pas encore ; mais lorsqu’il releva le chien et versa de la poudre dans le bassinet, beaucoup se récrièrent malgré eux et lui saisirent le bras.

— Que veux-tu faire ? écoute, c’est une folie ! lui dirent-ils.