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MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE

ment apparenté, il eût pu aspirer aux plus hautes situations judiciaires, il n’avait jamais travaillé, en réalité, que pour « arriver » à la romantique Porte-Saint-Martin ou à l’Odéon pensif. Un tel idéal l’avait conduit sur le tard à être juge d’instruction à Corbeil, et à signer « Castigat Ridendo » un petit acte indécent à la Scala.

L’affaire de la « Chambre Jaune » par son côté inexplicable devait séduire un esprit aussi… littéraire. Elle l’intéressa prodigieusement ; et M. de Marquet s’y jeta moins comme un magistrat avide de connaître la vérité que comme un amateur d’imbroglios dramatiques dont toutes les facultés sont tendues vers le mystère de l’intrigue, et qui ne redoute cependant rien tant que d’arriver à la fin du dernier acte, où tout s’explique.

Ainsi, dans le moment que nous le rencontrâmes, j’entendis M. de Marquet dire avec un soupir à son greffier :

« Pourvu, mon cher monsieur Maleine, pourvu que cet entrepreneur, avec sa pioche, ne nous démolisse pas un aussi beau mystère !

– N’ayez crainte, répondit M. Maleine, sa pioche démolira peut-être le pavillon, mais elle laissera notre affaire intacte. J’ai tâté les murs et étudié plafond et plancher, et je m’y connais. On ne me trompe pas. Nous pouvons être tranquilles. Nous ne saurons rien. »

Ayant ainsi rassuré son chef, M. Maleine nous désigna d’un mouvement de tête discret à M. de