Page:Leroux - Le mystère de la chambre jaune, 1932, Partie 2.djvu/172

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
168
MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE

journaux du monde entier publièrent ses exploits et sa photographie ; et lui, qui avait tant interviewé d’illustres personnages, fut illustre et interviewé à son tour. Je dois dire qu’il ne s’en montra pas plus fier pour ça !

Nous revînmes de Versailles ensemble, après avoir dîné fort gaîment au « Chien qui fume ». Dans le train, je commençai à lui poser un tas de questions qui, pendant le repas, s’étaient pressées déjà sur mes lèvres, et que j’avais tues toutefois parce que je savais que Rouletabille n’aimait pas travailler en mangeant.

« Mon ami, fis-je, cette affaire de Larsan est tout à fait sublime et digne de votre cerveau héroïque. »

Ici il m’arrêta, m’invitant à parler plus simplement et prétendant qu’il ne se consolerait jamais de voir qu’une aussi belle intelligence que la mienne était prête à tomber dans le gouffre hideux de la stupidité, et cela simplement à cause de l’admiration que j’avais pour lui.

« Je viens au fait, fis-je un peu vexé. Tout ce qui vient de se passer ne m’apprend point du tout ce que vous êtes allé faire en Amérique. Si je vous ai bien compris : quand vous êtes parti la dernière fois du Glandier, vous aviez tout deviné de Frédéric Larsan ?… Vous saviez que Larsan était l’assassin et vous n’ignoriez plus rien de la façon dont il avait tenté d’assassiner ?

— Parfaitement. Et vous, fit-il, en détournant la conversation, vous ne vous doutiez de rien ?