Page:Leroy-Beaulieu, Essai sur la répartition des richesses, 1881.djvu/178

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villages, puis des jardins potagers, qui en moyenne n’ont que quelques centaines de mètres ou quelques ares. Au fond de la campagne, quand on est loin des hameaux, le morcellement est beaucoup moindre.

La statistique des cotes foncières a été faite plus fréquemment que celle des parcelles et nous l’avons jusqu’à un temps assez rapproché la voici pour la France :


Années. Nombre de cotes foncières.
  —
1815 10,083,751
1835 10,893,000
1860 13,293,000
1870 (avant la guerre) 14,485,000
1872 13,863,000
1877 14,200,000


Les territoires perdus par la France en 1870-71 figurent dans le chiffre de 1870. Le nombre des cotes foncières se serait donc accru de 35 à 40 pour 100 depuis 1815. S’ensuit-il que le sol de France, surtout le sol agricole, se soit morcelé dans une proportion équivalente ? Il n’en est rien. Il faut tenir compte des circonstances suivantes : 1° la subdivision des perceptions qui a augmenté le nombre des cotes sans rien changer à celui des propriétaires ou des exploitants ; 2° les constructions urbaines, les jardins des banlieues qui ont été en se multipliant sans que la propriété strictement rurale en ait été notablement entamée. On estime de ce chef l’augmentation des cotes foncières depuis 1815 à un million au moins, même à 2 millions, parce que, avant la réforme apportée au commencement du règne de Louis-Philippe dans la répartition de l’impôt des portes et fenêtres et de l’impôt personnel et mobilier, les recensements étaient fort inexacts et avaient laissé de côté la plupart des très-petites constructions ; 3° les ventes des biens de l’État et des communes qui ont été fréquentes sous la Restauration, sous le règne de Louis-Philippe et même sous le second empire ; on a ainsi aliéné six ou sept cent mille hectares de forêts domaniales sans parler des communaux.

Ce n’est donc pas uniquement aux dépens de la grande ou de