Page:Leroy-Beaulieu, Essai sur la répartition des richesses, 1881.djvu/539

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des loyers est beaucoup plus exacte que ne le sont tous les relevés de l’impôt sur le revenu dans les pays où cet impôt existe. La dissimulation de la valeur locative est, malaisée, surtout dans les villes comme Paris où les comparaisons sont faciles et où, d’ailleurs, tous les baux sont soumis à l’enregistrement. Les chiffres officiels doivent être relevés toutefois dans la proportion d’un tiers, l’impôt mobilier admettant une réduction de 23 0/0 sur la valeur locative réelle.

Quelle est la proportion de leur revenu que les Parisiens mettent à leur loyer ? Cette proportion n’est sans doute pas rigoureusement uniforme, Il y a des personnes prodigues qui aiment l’ostentation ; il y en a d’autres qui sont avares, ou du moins fort économes, et qui se soucient fort peu d’être largement et élégamment logées. Ces deux catégories sont toutefois des exceptions. La gent humaine et principalement la gent parisienne est fort moutonnière ; elle aime assez à sauvegarder sa dignité, sa « respectabilité ». La portion du revenu que l’on consacre au loyer est vraisemblablement un peu plus forte pour les très petits revenus que pour les revenus moyens, mais nous croyons qu’elle est à peu près la même pour ceux-ci et pour les grands revenus, surtout depuis l’habitude, qui devient de plus en plus générale chez les personnes très riches, d’avoir un hôtel ou une maison uniquement occupée par le propriétaire et sa famille. Nous ne croyons pas être éloigné de la vérité en admettant que jusqu’à un loyer de 1,200 à 1,500 francs on consacre en moyenne au logement le sixième du revenu, et que, pour un loyer supérieur, la dépense du logement représente en général le huitième du revenu. Néanmoins, beaucoup plus pour complaire à l’opinion vulgaire que pour tenir compte de ce que nous croyons la vérité, nous admettrons qu’au-dessus de 64,000 francs de revenu on ne consacre plus que le dixième au loyer. C’est d’après ces données que nous allons dresser le tableau des revenus parisiens, en prenant pour base l’impôt mobilier perçu d’après le cadastre révisé en 1878.

On sait qu’il y a dans notre capitale 684,952 logements. De