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LA CHINE EN FOLIE

en effet, sous les relents, mon doux cœur montait à mes lèvres !

Mes éminents confrères m’attendaient devant l’établissement. Je commençai par leur dire que, dans le cours de ma vie, je n’avais jamais éprouvé un semblable appétit. Ils parurent enchantés de cette politesse. Et nous entrâmes.

— Messieurs, c’est avec une impatience lancinante que j’attendais ce beau soir. L’honneur de me trouver en la compagnie de tels lettrés est si grand pour moi qu’il m’en a, je le sens bien, coupé complètement l’appétit. D’ailleurs ne serait-il pas impie de préférer vos mets à vos propos. Je mangerai peu pour mieux vous écouter.

Là-dessus, un serviteur emplit ma soucoupe de je ne sais quelles renommées et précieuses épluchures.

— Messieurs, leur dis-je, tout en tâchant de faire adroitement disparaître dans mes poches ces légumes inédits, Messieurs, la Chine trouble en ce moment toutes les solides idées qu’un citoyen conscient peut avoir sur la nécessité d’un gouvernement. Vous êtes en train de prouver que les gouvernements ne sont point indispensables à la vie ni au bonheur des peuples.