Page:Londres - Pêcheurs de perles, 1931.djvu/119

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
111
PÊCHEURS DE PERLES

la corde du panier. Du sambouk, les tireurs la tirèrent. Dans un panier : une huître, trois dans un autre, deux dans le troisième, aucune dans le quatrième. Le plongeur de ce quatrième panier se frottait les yeux et ouvrait la bouche toute grande. Vidés à bord en un seul petit tas, les paniers furent aussitôt renvoyés. Et, de nouveau, une par une, les têtes disparurent. Cette fois, je regardai la montre. La petite aiguille ayant couru soixante secondes, j’interrogeai la mer : elle était encore veuve des quatre têtes. Trente secondes après un corps immobile remontait à la surface. On le voyait comme dans un aquarium. La tête émergea de l’eau turquoise. Les trois autres corps suivirent. La plongée la plus longue ne dépassa pas une minute quarante secondes.

Passons à bâbord. Parmi les cinq plongeurs : l’aveugle qui reprenait du souffle. Il mit sa pince et s’enfonça. Les autres plongeurs voyaient les huîtres avant de les décoller, l’aveugle, lui, devait tâtonner, en ce moment, à huit mètres de fond.

Le temps coula, un long temps : une minute cinquante. L’aveugle revint, secoua sa tête, ouvrit les yeux, aspira fortement et tira sur ses joues comme pour en effacer les plis de la douleur. Quatre huîtres étaient dans son panier. Son voisin en remontait quatre aussi, les autres, deux et une.