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PÊCHEURS DE PERLES

rares, la pauvreté générale. L’argent passe au kat.

Le roi du Yémen s’appelle l’iman Ya-Ya. Il habite Sanna, dans les hauteurs, à quatre jours d’ici. C’est le glaive de l’Islam. Son fils a pour nom Mohammed, et gouverne le littoral. C’est le sous-glaive. Il se promenait ce matin sous une pâle ombrelle. Ses farouches soldats, doucement endormis, l’entouraient à la fois de leurs poignards et de leur langueur. Lui, tendait ses maigres mains dans lesquelles ses sujets déposaient des placets. Je lui fis mon plus profond salut. Il me renvoya son sourire le moins disgracieux. C’était bien. J’allais avoir besoin de lui. Mes affaires ne marchaient pas.

Son Altesse demeurait à la poste.

Jusqu’à la guerre, le Yémen était sous la suzeraineté de la Turquie. La Turquie, ayant entendu parler d’un service public connu sous le nom de postes, avait fait construire un hôtel des postes à Hodeidah. Les Yéménites redevenus libres de leurs destinées, se dirent avec grande raison que, travaillant de six heures du matin à midi et mangeant le kat de midi à minuit, ils ne sauraient, par surcroît, avoir le temps d’écrire des lettres, encore moins celui d’en recevoir. D’ailleurs, la reine de Saba faisait-elle partie de l’Union postale internationale de Berne ? Ils supprimèrent les postes. Et, comme le bâtiment élevé en leur honneur était le