Page:Londres - Pêcheurs de perles, 1931.djvu/147

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d’avance. On ne sait jamais ce que l’on remontera du fond de la mer. Mais l’on connaît vite à tous les bords, le sambouk qui vient de faire une trouvaille et qui décide, les circonstances lui étant favorables, de porter la perle au compte de Ya-Mal ! Les armateurs sont, bien entendu, en dehors de ce complot. On affirme même que beaucoup l’ignorent. En tout cas, comment pourraient-ils le prévenir ? N’est-ce pas la part du merveilleux ?

Vous avez appris en même temps que nous à qui ces perles étaient destinées : à l’équipage, aux vendeurs, aux aveugles. Quels aveugles ? Ceux qui ont perdu la vue à chercher sous les eaux la main de la Fortune. Peut-on envisager, sans un certain éblouissement, ces dupes du sort secourues par la voie de la duperie ? Il m’a semblé, devant cette petite découverte, entendre la vie ricaner tout bas.

D’où vient l’idée ? De Perse ? d’Afrique ? d’Arabie ? Malgré ses pénombres : le tiers à l’équipage, le tiers aux courtiers, elle est encore bien lumineuse. Voyez notre sambouk courir secrètement la mer Rouge afin qu’un jour un mendiant aveugle reçoive un peu d’or dans sa main tendue. Il a fallu le génie compliqué de l’Orient, pour concevoir un pareil plan, et, pour l’exécuter, il faut bien toute sa ruse. Encore que le geste ne s’éloigne guère du symbole, quelle clarté ne jette-t-il pas sur les impérieux besoins de l’existence hu-