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PÊCHEURS DE PERLES

« Je suis né dans le désert. J’ignore les belles paroles et les fioritures de style, mais je sais la vérité. Notre fierté et notre gloire résident dans l’Islam. La fortune de Crésus ne nous préoccupe pas, non plus que les autres bagatelles. Mon but est d’exalter la religion, c’est tout. »

Le Coran de force ou de gré ! Pas de quartier ! Le rite ou le bâton ! Naguère l’une des trois Européennes habitant Djeddah étant sortie dans le souk les bras nus, la police la conduisit au poste. Le wahabisme est le wahabisme !

Ibn Seoud est-il un ignorant ? Loin de là ! Il connaît notre civilisation ; elle lui fait horreur. Ce que nous appelons conquête de l’esprit humain, lui le nomme scandale ! L’homme, pour lui, n’a pas de droits. Quel qu’il soit, il est tel que Dieu voulut qu’il fût. En revendiquant, il commet un sacrilège : « Dieu ne donne à l’homme que ce qui lui convient », dit le Coran.

Les républiques (quelques républiques) ont reconnu à cet homme le droit à la liberté ; le wahabisme ne lui reconnaît que le droit à la sainteté. Si l’on vous avait dit : « Tu seras saint », au lieu de vous dire : « Tu seras libre », quel visage la glace de votre armoire vous eût-elle renvoyé ?

Ibn Seoud eût fait volontiers son tour d’Europe, mais la crainte de ne pouvoir supporter le spectacle de nos dépravations l’en a empêché. Des femmes