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PÊCHEURS DE PERLES

manesque n’y perdra point. Philby n’est plus officiellement un agent de l’Intelligence Service. Il a pour ainsi dire percé le plafond de la vieille institution. Lui-même se dit Freelance (franc-tireur). L’empire indépendant d’Arabie, composé des royaumes du Nedj et du Hedjaz, possède un empereur, des vice-rois et des ministres à la mode européenne. Au-dessus de tout, et pour ce qui regarde les rapports de l’empire avec le reste du monde il est un ministère secret, nébuleux, une espèce de chambre noire diplomatique que l’on pourrait appeler le ministère des Avis. Philby, citoyen anglais, freelance des intérêts britanniques, en est le ministre. Le Nedj, c’est Philby. Le Hedjaz, c’est Philby. Tout ce que pense, tout ce que décide, tout ce que fait le roi Ibn Seoud, c’est du Philby. Il joue son jeu avec la plus lucide des intelligences, faisant la part arabe même contre l’Angleterre, comme les pompiers font la part du feu. Il indique à Ibn Seoud la façon dont il marquera des points contre la France, l’Italie, la Turquie. La défense hargneuse de l’Arabie contre l’Europe, c’est Philby. Son orgueil sans mesure, c’est Philby. L’instigateur de la solution syrienne vue d’Arabie (nommer roi de Damas le second fils d’Ibn Seoud), c’est Philby. Celui qui veut faire régler par les armes d’Ibn Seoud le compte du Yémen, parce que le roi du Yémen ne