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PÊCHEURS DE PERLES

Djeddah, et que nous portons à Hodeidah ! Hodeidah ! soupire le pauvre homme de bronze où m’emmène-t-on ? Quel est encore cet enfer-là ? Il avait la mine si consternée que je sortis mon mouchoir et, d’un geste de pitié, j’essuyai son visage de vieux soldat où l’humidité ambiante coulait à grosses gouttes !

Les quatre pêcheurs de perles avec qui j’avais pris rendez-vous en arrivant en Arabie-Maudite, étaient là. Natifs des îles Farsans, ils trouveraient un sambouk à Hodeidah qui les ramènerait dans leur archipel solitaire. Nous allions les suivre. Ils seraient nos guides. Rien ne les avait désignés spécialement à notre choix : ils étaient stupides. Nous avions mis la main sur eux comme un aveugle empoigne la corde de son chien. Ils se rendaient où nous voulions nous rendre. Qu’ils marchent, c’est tout ce que nous leur demandions.

Dans ces contrées abandonnées des hommes, des dieux et des bêtes intelligentes, l’Européen ne voit pas devant lui. Aucun renseignement ne viendra à son secours. Trouvera-t-il un bateau ? Existe-t-il une automobile dans le pays ? Sinon, combien de journées de chameaux faudra-t-il ? Autant d’inconnues. On n’a qu’une certitude : boire de l’eau salée. Les savants appellent ce liquide eau magnésienne. Il paraît que ce n’est pas la même chose ! On voit bien que lorsque la soif les prend,