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OWEN ET LUNET OU LA DAME DE LA FONTAINE

cheval, personne de l’armée ne le reconnaissait. Ils s’attaquèrent et se battirent, ce jour-là, jusqu’au soir, et cependant aucun d'eux ne fut près de jeter l’autre à terre. Le lendemain ils allèrent se battre avec des lances épaisses, mais aucun d’eux ne put triompher de l’autre. Le jour suivant, ils allèrent au combat avec des lances solides, grosses et épaisses. Enflammés de colère, ils se chargèrent jusqu’au milieu du jour, et enfin ils se donnèrent un choc si violent que les sangles de leurs chevaux se rompirent, et que chacun d’eux roula par-dessus la croupe de son cheval à terre. Ils se levèrent vivement, tirèrent leurs épées, et se battirent. Jamais, de l’avis des spectateurs, on n’avait vu deux hommes aussi vaillants, ni si forts. S’il y avait eu nuit noire, elle eût été éclairée par le feu qui jaillissait de leurs armes. Enfin le chevalier donna à Gwalchmei un tel coup, que son heaume tourna de dessus son visage[1], de sorte que le chevalier vit que c’était Gwalchmei. « Sire Gwalchmei, » dit

    Ronde. un chevalier porte écu noir, cotte d’armes noire, et couverture noire (Paulin Paris, Les Romans de la Table Ronde, III, p. 231).

  1. L’ancien heaume des xiie et xiiie siècles se posait sur la tête au moment du combat ; il garantissait bien la tête, mais la gorge assez mal. Sa partie inférieure était libre, aussi les coups portés sur cette partie le faisaient dévier. Vers 1350 le heaume fut remplacé par le bacinet, le chapel de fer. Une plaque d'acier fut adaptée à la cervelière de peau, de mailles ou de fer qui était posée sur le chapel de fer, pour protéger la gorge (Viollet-le-Duc, Dict. du mobilier français, V).