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LES MABINOGION

remit la fiole. « Hé, pucelle, » dit la dame, « où est tout l’onguent ? » — « Il est tout entier perdu, » dit-elle. — « Il m’est difficile de te faire des reproches à ce sujet. Cependant il était inutile pour moi de dépenser en onguent précieux la valeur de cent vingt livres pour je ne sais qui. Sers-le tout de même, » ajouta-t-elle ; « de façon qu’il ne lui manque rien. » C’est ce que fit la pucelle ; elle le pourvut de nourriture, boisson, feu, lit, bains, jusqu’à ce qu’il fût rétabli. Les poils s’en allèrent de dessus son corps par touffes écailleuses. Cela dura trois mois, et sa peau devint plus blanche qu’elle ne l’avait été.

Un jour, Owein entendit du tumulte dans le château, et un bruit d’armes à l’intérieur. Il demanda à la pucelle ce que signifiait ce tumulte. C’est le comte dont je t’ai parlé, » dit-elle, « qui vient contre le château, à la tête d’une grande armée, dans l’intention d’achever la perte de la dame. » Owein demanda si la comtesse avait cheval et armes. « Oui, » dit-elle, « les meilleures du monde. » — « Irais-tu bien lui demander en prêt, pour moi, un cheval et des armes de façon que je puisse aller voir de près l’armée ? » — « J'y vais. » Et elle se rendit auprès de la comtesse, à laquelle elle exposa toute leur conversation. La comtesse se mit à rire. « Par moi et Dieu, » s’écria-t-elle, « je lui donne le cheval et l’armure pour toujours. Et il n’en a, sûrement, jamais eu en sa possession de pareils. J’aime mieux qu’il les prenne que de les