Page:Loth - Mabinogion, tome 2.djvu/38

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
37
OWEN ET LUNET OU LA DAME DE LA FONTAINE

voir devenir la proie de mes ennemis, demain, malgré moi, et cependant je ne sais ce qu’il veut en faire. »

On lui amena un gascon noir, parfait, portant une selle de hêtre, et une armure complète pour cheval et cavalier. Owein revêtit son armure, monta à cheval, et sortit avec deux écuyers complètement armés et montés. En arrivant devant l’armée du comte, ils ne lui virent ni commencement ni fin. Owein demanda aux écuyers dans quelle bataille était le comte. « Dans la bataille, là-bas, où tu aperçois quatre étendars jaunes, deux devant lui, et deux derrière. » — « Bien, » dit Owein, « retournez sur vos pas et attendez-moi auprès de l’entrée du château. » Ils s’en retournèrent, et lui poussa en avant jusqu’à ce qu’il rencontra le comte. Il l’enleva de sa selle, le plaça entre lui et son arçon de devant, et tourna bride vers le château. En dépit de toutes les difficultés, il arriva avec le comte au portail, auprès des écuyers. Ils entrèrent, et Owein donna le comte en présent à la comtesse, en lui disant : « Tiens, voici l’équivalent de ton onguent béni. » L’armée tendit ses pavillons autour du château. Pour avoir la vie sauve, le comte rendit à la dame ses deux comtés ; pour avoir la liberté, il lui donna la moitié de ses domaines à lui, et tout son or, son argent, ses joyaux et des otages en outre ainsi que tous ses vassaux. Owein partit. La comtesse l’invita bien à rester, mais il ne le voulut pas, et se diri-