Page:Loth - Mabinogion, tome 2.djvu/41

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
40
LES MABINOGION

cueil pour la nuit. « Oui, seigneur, » dit-elle, « va là, à la traverse ; suis le chemin le long de la rivière, et, au bout de peu de temps, tu verras un grand château surmonté de nombreuses tours. Le comte à qui appartient le château est le meilleur homme du monde pour ce qui est du manger. Tu pourras y passer la nuit. » Jamais guetteur ne veilla aussi bien son seigneur que ne fit le lion pour Owein, cette nuit-là. Owein équipa son cheval, et marcha, après avoir traversé le gué, jusqu’à ce qu’il aperçut le château. Il entra. On le reçut avec honneur. On soigna parfaitement son cheval, et on mit de la nourriture en abondance devant lui. Le lion alla se coucher à l’écurie du cheval ; aussi personne de la cour n’osa approcher de celui-ci. Nulle part, assurément, Owein n’avait vu un service aussi bien fait que là. Mais chacun des habitants était aussi triste que la mort. Ils se mirent à table. Le comte s’assit d’un côté d’Owein, et sa fille unique de l’autre. Jamais Owein n’avait vu une personne plus accomplie qu’elle. Le lion alla se placer sous la table entre les pieds d’Owein, qui lui donna de tous les mets qu’on lui servait à lui-même. Le seul défaut qu’Owein trouva là, ce fut la tristesse des habitants. Au milieu du repas, le comte souhaita la bienvenue à Owein : « Il est temps pour toi, » dit Owein, « d’être joyeux. » Dieu nous est témoin, » dit-il, « que ce n’est pas envers toi que nous sommes sombres, mais il nous est venu grand sujet de tristesse et de souci. Mes