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OWEN ET LUNET OU LA DAME DE LA FONTAINE

deux fils étaient allés, hier, chasser à la montagne. Il y a là un monstre qui tue les hommes et les mange. Il s’est emparé de mes fils. Demain est le jour convenu entre lui et moi où il me faudra lui livrer cette jeune fille, ou bien il tuera mes fils en ma présence. Il a figure d’homme, mais pour la taille, c’est un géant. » — « C’est, assurément, triste, » dit Owein, « et quel parti prendras-tu ? » — « Je trouve, en vérité, plus digne de lui laisser détruire mes fils, qu’il a eus malgré moi, que de lui livrer, de ma main, ma fille pour la souiller et la tuer. » Et ils s’entretinrent d’autres sujets. Owein passa la nuit au château.

Le lendemain, ils entendirent un bruit incroyable : c’était le géant qui venait avec les deux jeunes gens. Le comte voulait défendre le château contre lui, et, en même temps, voir ses deux fils en sûreté. Owein s’arma, sortit, et alla se mesurer avec le géant, suivi du lion. Aussitôt qu’il aperçut Owein en armes, le géant l’assaillit et se battit avec lui. Le lion se battait avec lui avec plus de succès qu’Owein. « Par moi et Dieu, » dit-il à Owein, « je ne serais guère embarrassé de me battre avec toi, si tu n’étais aidé par cet animal. » Owein poussa le lion dans le château, « ferma la porte sur lui, et vint reprendre la lutte contre le grand homme. Le lion se mit à rugir en s’apercevant qu’Owein était en danger, grimpa jusque sur la salle du comte, et de là sur les remparts. Des remparts, il sauta jusqu’aux côtés d’Owein, et donna, sur l’épaule du