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LES MABINOGION

grand homme, un tel coup de griffe, qu’il le déchira jusqu’à la jointure des deux hanches, et qu’on voyait les entrailles lui sortir du corps. L’homme tomba mort. Owein rendit ses deux fils au comte. Le comte invita Owein, mais il refusa, et se rendit au vallon où était Lunet.

Il vit qu’on y allumait un grand feu ; deux beaux valets bruns, aux cheveux frisés, amenaient la pucelle pour l'y jeter. Owein leur demanda ce qu’ils lui voulaient. Ils racontèrent leur différend comme l’avait raconté la pucelle, la nuit d’avant. « Owein lui a fait défaut », ajoutèrent-ils, « et c’est pourquoi nous allons la brûler ». — « En vérité », dit Owein, « c’était cependant un bon chevalier, et je serais bien étonné, s’il savait la pucelle en cet embarras, qu’il ne vînt pas la défendre. Si vous vouliez m’accepter à sa place, j’irais me battre avec vous ». — « Nous le voulons bien, par celui qui nous a créés. » Et ils allèrent se battre contre Owein. Celui-ci trouva fort à faire avec les deux valets. Le lion vint l’aider et ils prirent le dessus sur les deux valets. « Seigneur », lui dirent-ils « nous n’étions convenus de nous battre qu’avec toi seul ; or, nous avons plus de mal à nous battre avec cet animal, qu’avec toi. » Owein mit le lion où la pucelle avait été emprisonnée, plaça des pierres contre la porte, et revint se battre avec eux. Mais sa force ne lui était pas encore revenue, et les deux valets avaient le dessus sur lui. Le lion ne cessait de rugir à cause du danger où était Owein ; il finit par faire brèche dans les pier-