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OWEN ET LUNET OU LA DAME DE LA FONTAINE

res, et sortir. En un clin d’œil, il tua un des valets, et, aussitôt après, l’autre. C’est ainsi qu’ils sauvèrent Lunet du feu. Owein et Lunet allèrent ensemble aux domaines de la Dame de la Fontaine ; et, quand Owein en sortit, il emmena la dame avec lui à la cour d’Arthur, et elle resta sa femme tant qu’elle vécut (1).

Alors il prit le chemin de la cour du Du Traws (le Noir Oppresseur), et se battit avec lui. Le lion ne quitta pas Owein avant qu’il ne l’eût vaincu. Aussitôt arrivé à la cour du Noir Oppresseur, il se dirigea vers la salle. Il y aperçut vingt-quatre femmes, les plus accomplies qu’il eût jamais vues. Elles n’avaient pas, sur elles toutes, pour vingt-quatre sous (2) d’argent, et elles étaient aussi tristes que la mort. Owein leur demanda la cause de leur tristesse. Elles lui dirent qu’elles étaient filles de comtes, qu’elles étaient venues en ce lieu, chacune avec l’homme qu’elles aimaient le plus. « En arrivant ici », ajoutèrent-elles, « nous trouvâmes accueil courtois et respect. On nous enivra, et, quand nous fûmes ivres,

(1) La réconciliation d’Yvain avec la Dame de la Fontaine, dans le Chevalier au Lion, est beaucoup plus romanesque. Après plusieurs aventures qui suivent la délivrance de Lunet, il retourne à la fontaine où il renouvelle l’expérience de la coupe. Personne ne se présente. Lunet conseille à sa dame de prendre comme défenseur le Chevalier au lion. Elle y consent. Lunel va à sa recherche et est heureuse de reconnaître Yvain dans le héros. Il la suit au château, et, après quelques difficultés, les deux époux se réconcilient. (Hist. litt. de la France, XV).

(2) Sou au sens actuel du mot.