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Je ne connaissais pas encore cette cérémonie, et je parus étonnée.

— Hé, dis-moi, mon enfant, s’écria-t-elle en riant, est-ce que tu n’as point du poil à ton minon ? Voyons-y, parbleu !

Elle me saisit à l’instant par le cotillon, m’entraîne à ses côtés et met en vue tous mes appas.

— Diable ! ajouta-t-elle, ta palatine vaut presque la mienne, ma fille ; tu ne la peignes donc jamais ?

— Je n’en sais pas si long, madame.

— Oh ! bien, il faut faire la toilette au minon et à la tête ; l’un et l’autre ont mille occasions de figurer, et l’on est dédaignée lorsqu’on n’est point parée ; ainsi tu le peigneras, ma petite, dès que ma toilette sera finie.

Je mis le cul de ma maîtresse sur la cuvette sacrée ; je peignai sa toison et lui donnai un air de noblesse qui devait appâter les connaisseurs. Elle en fut satisfaite, admira mes talents et m’ordonna de me peigner à mon tour sous ses yeux.

Pendant cette drôle d’opération, elle me dit en riant que j’avais un fort joli petit minon et que cela pourrait servir dans le besoin. Elle se fit ensuite habiller, apporter du chocolat, qu’elle daigna partager avec moi, paya notre dépense, monta dans sa voiture, où je l’accompagnai, et nous partîmes pour sa tendre patrie.

Pendant la route, qui ne fut que de six heures, je n’eus pas le temps de m’ennuyer ; tous mes sens furent en convulsion.

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