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— Garde ton âme ; elle n’est qu’à Dieu et à toi. Si tu m’abandonnes ton corps, je prétends en disposer en le nourrissant bien.

— Comment donc disposerez-vous de mon corps ?

— Lyndamine, tu joues l’ignorante ; mais il faut être sincère. Ton premier travail sur mon corps et sur le tien t’annonce que le plaisir public est mon objet et doit être celui qu’il te faut remplir. Crois-tu que je t’accorde l’innocence que tu veux affecter ? Tu te tromperais. Je me connais en filles. Plus d’un mâle a caressé cette petite fente que j’examinais en silence pendant que tu en peignais le contour. Dis-je la vérité ? Ta fortune dépend de ton aveu.

La crainte d’être replongée dans la misère et la force de la vérité m’arrachèrent mon secret et me firent trahir mon honneur. Je répondis en balbutiant que le hasard et les circonstances m’avaient fait essayer…

— Eh ! ne va pas plus loin, dit madame Jolicon. Es-tu satisfaite des plaisirs que l’on t’a donnés ? J’en suis persuadée ; mais t’a-t-on instruite des noms sublimes qui concernent l’état que tu veux embrasser et que tu dois savoir ? Prends garde de me mentir. D’avance je lirai ta science dans tes yeux. Toute fille à mon service doit être instruite de son catéchisme. Écoute et réponds.


Cul de lampe de fin de paragraphe
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