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d’inutiles efforts pour découvrir la vérité, est tombé dans l’erreur. En songeant combien le phénomène de la double réfraction devait piquer vivement sa curiosité, on ne peut pas supposer qu’il y ait donné moins d’attention qu’aux autres phénomènes de l’optique, et l’on doit être surpris de lui voir substituer une règle fausse à la construction aussi exacte qu’élégante de Huygens, construction qu’il connaissait sans doute, puisqu’il cite son traité sur la lumière. Mais, ce qui paraît encore plus inconcevable, c’est que l’exactitude de la loi d’Huygens ait été méconnue pendant plus de cent ans, quoiqu’elle fût appuyée des vérifications expérimentales de ce grand homme, aussi remarquable peut-être par sa bonne foi et sa modestie que par sa rare sagacité. Si nous osions hasarder une explication de ce trait singulier de l’histoire de la science, nous dirions que les considérations puisées dans la théorie des ondes qui avaient guidé Huygens, ont fait supposer peut-être aux partisans du système de l’émission qu’il n’avait pu arriver à la vérité par une hypothèse erronée, et les ont empêchés de lire son traité sur la lumière avec l’attention qu’il méritait.

Parmi les physiciens modernes, M. Young est le premier qui ait soupçonné la justesse de la loi d’Huygens ; c’est d’après son conseil que M. Wollaston l’a vérifiée par des expériences nombreuses et précises. À peine le résultat de ces expériences était-il connu en France, que Malus s’est occupé du même travail et a trouvé, comme M. Wollaston, la loi d’Huygens parfaitement d’accord en nombres avec toutes les mesures données par l’observation. M. de Laplace considérant la double réfraction sous le point de vue du système de l’émission, a fait une application savante du principe de