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éloge historique de m. breguet.

merce de l’horlogerie, la navigation, l’astronomie et la physique.

Un des professeurs les plus distingués de l’Université de Paris, auteur ingénieux de plusieurs ouvrages de mathématique, l’abbé Marie, remarqua dans Louis Breguet tous les indices d’une intelligence facile et très-singulière ; il lui persuada aisément de se livrer avec ardeur à l’étude de la géométrie. Cet enfant qui devait un jour illustrer les arts, subissait alors les rigueurs de la fortune. Sa famille autrefois opulente, mais qui professait la religion réformée, avait été forcée de quitter la France, et avait perdu une grande partie de ses biens. Les malheurs domestiques achevèrent l’ouvrage des dissensions civiles. Son père était mort à l’étranger ; sa mère, mariée en secondes noces, destina son fils à la profession qu’il a exercée depuis avec un succès éclatant.

La France et les arts doivent beaucoup à l’homme généreux qui protégea sa jeunesse, et le dirigea dans l’étude des sciences, à celui dont il reçut les premiers conseils les premières leçons, les premières marques d’intérêt.

Il est honorable d’attirer par l’éclat de ses talents un auditoire nombreux, de propager de hautes connaissances et des découvertes utiles aux nations ; mais distinguer dans la foule un enfant sans appui, reconnaître en lui le premier trait du génie, prévoir ce que la patrie et les sciences pourront lui devoir un jour, l’accueillir, l’encourager, l’instruire, c’est, dans l’ordre des bienfaits, un de ceux qui doivent occuper le premier rang. Il n’y a point de bonne action qui convienne mieux à un homme de lettres.

Les premières recherches de M. Breguet ont eu pour objet la partie de son art qui se rapporte aux usages civils ; il per-