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saint prélat, courbe docilement la tête ; adore ce que tu as brûlé, et brûle ce que tu as adoré. » Sa conversion fut suivie de la soumission volontaire des cités Armoricaines et de celle des Bretons, qui avaient été chassés de la Grande-Bretagne par les Anglo-Saxons et étaient venus chercher un refuge dans l’Armorique. L’influence de la pieuse reine Clotilde sur son époux servait donc mieux ses intérêts que la force des armes et les calculs de la politique, et l’acte de foi du chef Salien tournait au profit de son autorité, en lui assurant une position exceptionnelle entre tous les rois barbares, qui étaient alors païens ou hérétiques[1]. Le pape lui adressa de Rome des lettres de félicitation, et l’évêque de Vienne Avitus, sujet du roi de Bourgogne, lui écrivit : « Quand vous gagnez une bataille, c’est la religion qui triomphe. » En faisant ainsi le premier profession d’orthodoxie, Clovis fut en effet comme le fils aîné de l’Église, et ce titre est devenu, avec celui de roi très-chrétien l’une des prérogatives de la couronne de France.

6. guerres contre la bourgogne et contre les visigoths. — Les deux guerres que Clovis entreprit après sa conversion témoignent de l’influence qu’exerça dès lors la religion sur l’esprit du roi des Francs, et du soin qu’il prit de se concilier la faveur et l’appui du clergé. Elles ont toutes deux un caractère religieux : l’expédition de Bourgogne dans ses résultats seulement, la guerre contre les Visigoths dans ses causes, ses événements et ses conséquences. Le roi de Bourgogne Gondebaud, trahi par son frère, fut vaincu et réduit à payer tribut ; il promit d’abjurer l’arianisme et conserva ses États. Le roi des Visigoths, Alaric II, fut moins heureux. Les évêques du midi, persécutés par lui, implorèrent la protection de Clovis. Le chef des Francs réunit un jour ses guerriers : « Il m’est importun, dit-il, de voir ces

  1. On appelle hérétique celui qui suit ou qui défend une erreur contraire au dogme de l’Église. L’arianisme ou hérésie d’Arius, qui niait la divinité de J.-C., était l’hérésie la plus répandue alors.