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trouve désignés quelquefois, dans l’origine, sous le nom de nourriciers du roi. Ils veillaient à la distribution des repas et aux différentes occupations du monarque, ils administraient ses domaines et étaient chargés de ses dépenses et de ses revenus. Cette charge toute domestique se transforma facilement pour eux en celle de premier ministre, et ils devinrent les véritables maîtres du royaume. Il y eut des maires du palais dès l’origine de la monarchie ; mais c’est à partir de 675 seulement qu’ils apparaissent dans l’histoire comme investis de fonctions politiques. Choisis primitivement par le roi et révoqués à son gré, ils furent désignés ensuite par la noblesse et devinrent ses représentants auprès de la royauté, les défenseurs de ses prérogatives, avec le privilège de l’inamovibilité, et plus tard même de l’hérédité.

27. faiblesse des fils de dagobert. — Sigebert II et Clovis II, fils de Dagobert, avaient, l’un huit ans et l’autre quatre ans, lorsque leur père mourut (638) ; les maires du palais régnèrent en leur nom. Pépin de Landen[1] resta tout-puissant en Ostrasie, sous Sigebert ; Ega devint maire de Neustrie et de Bourgogne, sous Clovis.

28. Rivalité de la Neustrie et de l’Ostrasie. — Dès ce moment surtout, l’Ostrasie et la Neustrie formèrent deux nations distinctes. L’Ostrasie, qui comprenait le pays situé entre le Rhin et les Ardennes, était habitée par une noblesse riche, turbulente, jalouse de son indépendance ; la Neustrie, qui comprenait les pays arrosés par la Seine et la Loire, était moins ennemie de la civilisation romaine et plus facile à gouverner. La situation de chacune d’elles explique cette différence ; la première conservait un peu de la barbarie des nations germaniques, avec lesquelles elle était toujours en contact ; la seconde s’était presque complètement soumise aux institutions et aux mœurs romaines, conservées dans la France du sud et même dans celle du centre. De là vint la longue inimitié des deux pays.

29. clovis ii seul roi, 650-656. — L’histoire de la France sous les derniers Mérovingiens n’est autre chose que le récit des progrès de la puissance des maires et de

  1. On compte trois Pépin parmi les maires du palais : Pépin de Landen, dit l’Ancien ou le Vieux, dont la fille Begga épousa Anségise ; Pépin d’Héristal, fils d’Anségise, et Pépin le Bref petit-fils du précédent.