Page:Magin-Marrens - Histoire de France abrégée, 1860.djvu/34

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

après avoir soumis la Syrie, l’Égypte, la Perse, la haute Asie et l’Afrique septentrionale, avaient passé le détroit de Gibraltar et conquis l’Espagne en une seule bataille (711). Ils envahirent alors la Gaule et chassèrent de ses États le duc d’Aquitaine Eudes, dont on a fait à tort, sur la foi d’une charte douteuse, un descendant de Caribert, un représentant de la branche cadette des Mérovingiens. Malgré l’antipathie de race qui séparait l’Aquitain du Franc, malgré ses sentiments d’inimitié personnelle contre le duc d’Ostrasie, Eudes se résigna à implorer le secours de ce vaillant capitaine. Sa cause était celle de la chrétienté tout entière. Charles s’avança vers la Loire pour arrêter les Infidèles, qui se proposaient de piller la riche abbaye de Saint-Martin à Tours ; il les défit dans une sanglante bataille qui coûta la vie à leur général Abdérame[1]. Toutefois leur déroute ne fut pas aussi complète que les historiens se sont plu à le raconter : car le vainqueur n’osa pas les inquiéter dans leur retraite ; il ne put les chasser de Narbonne, dont ils s’étaient emparés avec l’appui de quelques seigneurs du pays, ni les empêcher de prendre la ville d’Arles. Le souvenir de ces guerres est encore vivant dans le midi de la France ; on montre dans les arènes d’Arles la tour de Charles-Martel ; on voit sur les murs des arènes de Nîmes les traces de l’incendie qu’y alluma, dit-on, Charles-Martel pour en déloger les ennemis.

37. interrègne en neustrie, 737-742. — La victoire de Tours n’en mit pas moins le comble à la puissance de Charles-Martel, et il put faire ce que Pépin d’Héristal n’avait pas même entrepris. À la mort de Thierry IV (737), il laissa vaquer le trône, afin que la Neustrie s’accoutumât à ne plus considérer l’autorité royale comme

  1. On a dit souvent que Charles mérita le surnom de Martel a cette bataille, parce qu’il y écrasa les ennemis comme un marteau écrase le fer. Il est plus probable que ce surnom lui fut donné, comme à d’autres membres de la famille des Héristals, en l’honneur de saint Martin ; le nom de Martel est le même que celui de Martin.