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CALENDRIER DU FORESTIER

Les Allemands, toujours méthodiques dans l’application de leurs idées et dans leurs occupations, ont imaginé de distribuer d’une manière périodique et régulière, les travaux forestiers qui doivent être exécutés dans chacun des mois de l’année.

En France, la même division n’est pas toujours praticable ; d’abord en raison de la différence du climat, ensuite à cause de la diversité qui existe entre les méthodes usuelles de traiter les forêts dans chacune des régions de notre sol, méthodes qu’il est extrêmement difficile de ramener à l’unité.

D’ailleurs les travaux de semis, de plantations, d’exploitation par coupes de réensemencement naturel, n’ayant pas encore pris en France une grande extension, rien n’est plus variable que notre mode d’opérer.

Il est donc bien difficile de présenter quelque chose de positif qui soit parfaitement adapté à nos besoins lorsqu’on veut former un calendrier français de culture forestière.

Cependant, c’est précisément parce qu’il n’y a encore rien d’uniforme dans la pratique qu’il convient de faire des efforts pour y introduire de l’ordre dès à présent ; l’ordre est un genre de division du travail qui le rend moins dispendieux, d’une exécution meilleure et plus facile ; chaque ouvrage est fait précisément en son temps et avec la moindre dépense de forces possible ; chaque ouvrier habitué à un travail qui revient uniformément, l’exécute mieux ; il y a épargne de peine, de temps et d’argent ; perfectionnement et réussite.

Tant d’avantages méritent que l’on établisse parmi nous quelque chose de semblable à cet ordre admirable que suivent les Allemands dans leur culture forestière, à laquelle ils se livrent sans efforts, sans écarts, avec une persévérance et une attention soutenues et avec un succès toujours croissant.

Il est un l’ait reconnu généralement, c’est que dans certains travaux l’ouvrier français exécute, dans un temps donné, moins d’ouvrage que l’ouvrier allemand ; ce n’est pas que l’ouvrier français soit moins laborieux ou moins intelligent, c’est qu’il apporte moins de régularité, moins d’ordre dans son ouvrage ; les distractions, les mouvements faux et inutiles, la mauvaise qualité des outils, le défaut d’arrangement, une dépense inutile de forces employées d’une manière irrégulière et souvent en sens opposé ; tout cela opère une sorte de discontinuité dans le travail et une grande perte de temps.

L’introduction de la méthode aura donc pour effet d’accroître la masse de l’ouvrage avec une somme égale de travail. Les époques de la culture forestière étant déterminées d’avance, les ouvriers feront coïncider leurs travaux agricoles ou industriels, de la manière la plus convenable à leurs intérêts, avec les travaux forestiers qui seront à leur portée.

Il est d’autant plus important d’introduire un bon ordre dans la culture forestière, qu’elle doit prendre un développement proportionné à nos besoins croissants de bois de toute espèce, développement qui s’accroîtra encore par le bon marché du travail résultant, non d’une baisse des salaires, mais d’une pratique plus habile.

Nous sommes arrivés à une époque où l’on sent la nécessité d’opérer des repeuplements, des nettoiements, des semis, des plantations et des remplacements d’essences inférieures par de meilleures espèces. On commence à exécuter ces travaux dans une partie de la France, et leur bonne distribution doit être précédée nécessairement de la connaissance des époques les plus convenables pour les exécuter.

C’est dans cette vue que nous indiquons la répartition suivante, dans laquelle nous avons eu en vue de réaliser le plus promptement possible l’idée d’une périodicité qui assurera le succès de la culture forestière.


janvier.

Dans les parties montagneuses de notre sol et dans nos contrées septentrionales, les exploitations des coupes sont interrompues ; les grands froids endommageraient les souches. Cependant on s’occupe du transport des bois coupés ; on profite des gelées dans les endroits marécageux, et des neiges dans les montagnes, pour opérer plus facilement la traite que dans les autres saisons.

Nous remarquerons que l’on n’établit pas généralement assez d’ordre dans la distribution des diverses parties de la coupe entre les bûcherons ; que l’on pourrait favoriser les transports et le débit en rangeant les bois abattus et façonnés de manière à laisser toujours des passages praticables.

Si de fortes gelées et la neige ne font pas obstacle au travaux de labour, soit à la houe, soit à la pioche, soit à la charrue, on peut en exécuter dans ce mois.

C’est aussi l’époque la plus convenable pour opérer des nettoiements dans les taillis, surtout si les ouvriers sont occupés aux travaux de l’agriculture dans les autres saisons.

Dans les régions méridionales, on peut par le même motif s’occuper presque continuellement