Page:Maistre - Lettres à un gentilhomme russe sur l’Inquisition espagnole, 1846.djvu/82

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s’y prêteront avec plaisir. Rien d’humain ne saurait être parfait, et il n’y a pas d’institution qui n’entraîne quelques abus. Vous me rendrez la justice de croire qu’il n’est pas d’homme plus éloigné que moi de justifier des sévérités inutiles ; je vous ferai seulement observer que l’Inquisition religieuse d’Espagne pourrait fort bien ressembler à l’Inquisition publique de Venise, qui régnait sur les imaginations par je ne sais quelle terreur adoucie, toute composée de souvenirs fantastiques qui n’avaient d’autre effet que de maintenir l’ordre en épargnant le sang.

Il est faux d’ailleurs, même en Portugal, que la moindre dénonciation parût suffisante pour faire emprisonner l’accusé, ni qu’on lui laissât ignorer les chefs d’accusation et les accusateurs, ni qu’on lui refusât des avocats pour défendre sa cause [1], ni que les délateurs restassent

  1. Je suis particulièrement instruit, à l’égard de l’Es-