Page:Malherbe - Œuvres poétiques de Malherbe, éd. Blanchemain, 1897.djvu/190

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STANCES.

A selon mes souhaits terminé mes douleurs.
Il a rompu leur piège ; et, de quelque artifice
Qu’ait usé leur malice,
Ses mains, qui peuvent tout, m’ont dégagé des leurs.

La gloire des méchants est pareille à cette herbe
Qui, sans porter jamais ni javelle ni gerbe,
Croît sur le toit pourri d’une vieille maison.
On la voit sèche et morte aussitôt qu’elle est née ;
Et vivre une journée
Est réputé pour elle une longue saison.

Bien est-il malaisé que l’injuste licence
Qu’ils prennent chaque jour d’affliger l’innocence
En quelqu’un de leurs vœux ne puisse prospérer :
Mais tout incontinent leur bonheur se retire,
Et leur honte fait rire
Ceux que leur insolence avait fait soupirer.