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STANCES

Et Neptune à mes cris faire la sourde oreille,
A peu prés englouty,
Eussé-je osé pretendre à Pheureuse merveille
D’en estre garanty ?
 
Contre mon jugement les orages cessez
Ont des calmes si doux en leur place laissez
Qu’aujourd’huy
ma fortune a l’empire de Ponde ;
Et je vois sur le bort
Un ange, dont la grâce est la gloire du monde,
Qui m’asseure du port.

Certes c’est laschement qu’un tas de médisans,
Imputans à l’Amour qu’il abuse nos ans,
De frivoles soupçons nos courages étonnent ;
Tous ceux à qui déplaist
L’agreable tourment que ses flammes nous donnent
Ne sçavent ce qu’il est.

S’il a de Pamertume à son commencement,
Pourveu qu’à mon exemple on souffre doucement,
Et qu’aux appas du change une ame ne s’envole,
On se peut asseurer
Qu’il est maistre équitable, et qu’en fin il console
Ceux qu’il a fait pleurer.