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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

CAROLINE.

Mais si les colons n’ont pas produit plus de moyens de subsistance qu’il ne leur en faut pour leur propre usage, comment pourront-ils entretenir ces nouveaux venus ? Sans capital, vous le savez, on ne peut pas employer des ouvriers.

MADAME B.

Vous avez bien raison. Mais il est probable que les plus laborieux des colons auront produit quelque chose au delà de ce qui leur est indispensablement nécessaire. Ils auront sans doute quelque petit fonds de réserve, qui les mettra en état d’employer au moins quelques-uns de ces malheureux naufragés. Mais comme ces hommes, qui sont dans la détresse, voudront tous avoir part à ce surplus, chacun d’eux offrira son travail pour la moindre portion d’aliments qui puisse le faire subsister. Le capital de l’île se trouvant ainsi insuffisant pour le maintien de la population, la concurrence des ouvriers pour trouver de l’emploi, mettra leurs salaires au taux le plus bas ; et les capitalistes retireront un grand profit du travail des ouvriers. Par conséquent un petit capital ne crée qu’une petite demande de travail.

CAROLINE.

Par la demande du travail entendez-vous la demande des pauvres qui veulent travailler, ou celle du capitaliste qui veut des ouvriers ?

MADAME B.

C’est celle du capitaliste. La demande du travail est la demande des ouvriers, qui est faite par ceux qui ont de quoi les payer, sous forme de salaires, de gages, ou d’entretien, ou de toute autre manière.

Mais qu’arrivera-t-il à notre colonie, quand les ouvriers auront à leur tour richement payé ceux qui les emploient par le fruit de leur industrie ?

CAROLINE.

En produisant une abondante récolte, ils auront eux-mêmes d’abondants moyens de subsistance.

MADAME B.

Observez que la récolte n’appartient pas à ceux qui l’ont pro-