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ESPIONNAGE

avec qui nous avions des rapports fréquents et d’ailleurs cordiaux, m’apprirent qu’un contrôleur général de l’armée allait venir. Par le plus grand des hasards, cet officier, le contrôleur général Péria, se trouvait être mon parent et la perspective de cette rencontre inattendue dans le bled m’amusa beaucoup. Pourtant il fit un faux bond et c’est tout à fait par hasard que je tombai sur lui quelques jours après dans un hôtel de Damas.

Il me parut plutôt géné de me rencontrer, mais l’esprit de famille sans doute l’emporta car il me prit à part pour un entretien confidentiel. Ce qu’il me dit me plongea dans un ahurissement sans bornes. Au début, il se contenta de m’engager à quitter Palmyre pour regagner la France, seul pays où l’on puisse vivre honnêtement. Comme un tel conseil ne pouvait avoir aucun sens pour moi, il fut contraint de s’ouvrir davantage et j’appris que je passais pour une espionne dangereuse, que j’avais un dossier affreux, que l’on supposait que ma présence à Palmyre n’avait d’autre objet que de me faciliter la rencontre du redoutable major Sinclair et mille balivernes de même qualité. Au reste, ajoutait mon parent, je pouvais bien rentrer en France puisque le major Sinclair était mort. Je tombais des nues, et ma stupeur, à cette nouvelle que j’ignorais, sembla encore une comédie à cet infortuné cousin qui me quitta pourtant en me donnant rendez-vous pour le lendemain à Beyrouth. J’y vins donc et en profitai pour provoquer une explication décisive au Haut-Commissariat ; j’appris les choses les plus invraisemblables.

C’est au service des renseignements du Haut-Commissariat qu’étaient concentrés les fameux rapports qui provoquaient tous mes ennuis. Il apparut alors que toute la machination était ourdie surtout par