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NOTICE

Comment se seroit-elle permis l’emploi d’une langue inintelligible pour le souverain et pour la plupart des François ? Quelquefois, il est vrai, Marie a traduit en roman ces expressions étrangères ; mais ces exemples sont très-rares ; on voit même que, pour ces explications, elle préfère employer la langue angloise, qui paroît lui avoir été très familière. Par cette préférence ne semble-t-elle pas indiquer quelle étoit la classe de ses lecteurs, et que le prince à qui elle adresse ses poësies est Henri III ?

On doit regretter que nos bibliothèques, si riches d’ailleurs, ne renferment qu’une très-petite partie des Lais de Marie ; tous, sans en excepter les plus courts, contiennent des renseignements précieux sur les mœurs et les usages du XIIIe siècle. Les descriptions du poëte sont à-la-fois fidèles et amusantes ; il fixe l’attention par le choix des sujets, par l’intérêt qu’il sait y répandre, et sur-tout par le charme d’un style simple et naturel. Malgré la rapidité de sa diction, rien ne lui échappe lorsqu’il décrit, rien n’est omis dans les détails, l’action n’est point embarrassée et marche vivement.