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ESSAI SUR LA LANGUE DE LA FONTAINE

Pour bien apprécier la spirituelle raillerie contenue dans ce passage, il importe de se souvenir que d’Urfé a composé une fable bocagère en vers non rimes, intitulée la Sylvanire ou la Morte-vive ; quand au grand druide Adamas, c’est un des principaux personnages de son Astrée.

Ce dernier ouvrage était tellement célèbre, que son titre a été employé par notre auteur comme une sorte de nom commun pour désigner un roman quelconque : « Le vieillard avoit permis à l’aînée de lire certaines fables amoureuses que l’on composoit alors, à peu près comme nos romans, et l’avoit défendu à la cadette, lui trouvant l’esprit trop ouvert et trop éveillé. C’est une conduite que les mères de maintenant suivent aussi : elles défendent à leurs filles cette lecture pour les empêcher de savoir ce que c’est qu’amour : en quoi je tiens qu’elles ont tort ; et cela est même inutile, la nature servant d’Astrée[1]. »

Il eût fallu recueillir ce passage des Rieurs du Beau-Richard :

Qui ne riroit de ces coquettes
En qui tout est mystérieux,
Et qui font tant les Guillemettes ?[2]

M. Walckenaer met en note : « Les impertinentes, les innocentes, » ce qui n’est pas synonyme ; je crois que ce mot s’applique plutôt à une dissimulée, et, comme on dit en plaisantant, à une sainte nitouche.

Oudin, dans ses Recherches italiennes et françoises, nous indique une chanson dont il ne rapporte que les deux premiers mots : Ô Guillemette ! Au commencement de sa XLVe lettre amoureuse, Voiture en cite le couplet principal en ayant soin toutefois de le modifier de manière à ce qu’il s’applique mieux à son sujet :

  1. Psyché, liv. II, tome I, p. 425.
  2. Prologue, vers 10.